PETIT ÉLOGE DE L'OPTIMISME.
Faire l’éloge de l’optimisme quelques jours après avoir fait celui du pessimisme, cela peut-il avoir du sens ? Peut-on penser une chose et son contraire ? Faut-il n’avoir qu’un seul point de vue ? Faut-il s’y tenir et ne pas regarder celui qui s’y oppose, voire même le rejeter s’il se présente ?
Petit éloge de l’optimise donc. Certes notre raison nous donne toutes les raisons de désespérer, bêtise indécrottable des humains que nous sommes, incapacité à s’engager, à distinguer l’urgent de l’important, mêmes erreurs sempiternellement recommencées.
Il suffit de scroller un peu sur les réseaux sociaux pour être pris d’un certain vertige, les uns mettent leur image en avant, photo qu’ils trouvent valorisantes, d’eux-mêmes ou de leur glorieuse progéniture, d’autres racontent leurs souffrances, d’autres se scandalisent et se scandalisent doublement qu’on ne se scandalise pas avec eux, quelques uns professent, d’autres plus timides ne se mouillent pas, ils mettent de jolies citations, des images gentilles, certains cherchent à poétiser, d’autres prétendent philosopher et chacun nourrit la bête qui ne cesse de grossir de tout ce déversement permanent.
Schopenhauer disait que lorsque nous sommes amoureux, c’est le génie de l’espèce qui nous manipule, nous croyons aimer librement mais nous sommes la marionnette de la volonté de vivre. Marc Zuckerberg a su s’appuyer sur notre volonté d’exister en nous exprimant, non pas pour perpétuer l’espèce ( à force de vivre derrière nos écrans, ne risque-t-elle pas de disparaître ?) mais pour augmenter le profit.
J’évoque ici le réseau social Facebook, mais ne montre-t-il pas en condensé ce qui nous anime secrètement et que nous montrons moins éhontément dans la « vraie vie » ? Sinon comment expliquer de telles attitudes ?
Bref tout cela n’est pas très réjouissant et le pessimisme de la raison s’accompagne bien souvent d’un pessimisme du coeur, l’un nourrissant l’autre. Peut-être sommes-nous finalement bien plus pessimistes que nous voulons bien nous l’avouer, lorsque nous choisissons de nous replier sur nos vies étriquées. Lorsqu’une remarque d'un collègue ou ami nous fait mal, tandis que des millions de réfugiés errent comme des fantômes.
Notre raison nous donne toutes les raisons de désespérer mais est-ce une bonne raison pour croire notre raison ?
Le pessimiste, rationnel, aura tendance à la croire et son désespoir risquera de devenir une mélancolie complaisante et rabougrie.
L’optimiste ne se résoudra pas à la croire. Oui c’est la raison, mais pour lui ce n’est pas une raison, il croira même s’il sait que c’est absurde, il croira de tout son âme et avec la plus grande confiance qu’autre chose est toujours possible.