LA PHILOSOPHIE ACADÉMIQUE OU L'IMPOSSIBILITE DU DIALOGUE. Débat Enthoven/Chouard.
Un pugilat au lieu d’un débat
Le 25 janvier dernier, un débat aurait dû permettre à Raphaël Enthoven et Etienne Chouard d’échanger et de réfléchir ensemble aux questions que pose le mouvement des gilets jaunes ainsi qu’à l’importance ou pas du référendum d’initiative citoyenne.
Malheureusement, il n’en a rien été.
Nous n’avons pas assisté à un débat, encore moins à un dialogue, mais à une sorte de pugilat où Raphaël Enthoven se croyant sur un ring s’est transformé en boxeur agité tandis qu’Étienne Chouard paraissait, lui, tranquillement installé pour dialoguer et réfléchir. Mais confronté à une telle frénésie désordonnée, il fut finalement impuissant à exposer ses idées.
Lors de cet « échange » qui ne fut en réalité qu’un long monologue dans lequel timidement Etienne Chouard a tenté de placer quelques mots, Raphaël Enthoven, s’est discrédité lui-même. Il a montré qu’il ne voulait pas penser, mais imposer, qu’il ne voulait pas convaincre, mais vaincre, qu’il ne voulait pas écouter, mais occuper le terrain.
Au-delà de l’agacement passager que peut susciter le personnage (on pourra le mesurer aux nombreux commentaires qui se trouvent au-dessous de la vidéo postée sur YouTube), je propose dans cette analyse de montrer ce que ce débat révèle de nos élites, de notre système d’enseignement et du rapport au langage qu’il favorise. Je propose aussi de montrer que la pratique philosophique offre la possibilité d’un autre rapport au langage et d’une construction collective de la réflexion.
La philosophie académique et les valeurs qu’elle distille.
Raphaël Enthoven détient un parcours académique des plus exemplaires, il fut élève dans les plus grands établissements parisiens : lycée Montaigne, lycée Henry IV, École Normale Supérieure, agrégation de philosophie. En matière de légitimité institutionnelle, on ne peut guère faire mieux. Les jeunes étudiants en philosophie pourraient donc le considérer comme un modèle puisqu’il a été évalué et reconnu par des professeurs occupant eux-mêmes les grades les plus élevés de l’université et des grandes écoles françaises.
Un étudiant débutant pourrait donc se dire : si j’écoute bien mes professeurs, si je comprends ce qu’ils attendent de moi, si je travaille avec acharnement, si je me plonge dans les livres, si j’écris des dissertations, rédige des commentaires, alors voilà ce que je deviendrai moi aussi. Je pourrai donc faire la leçon, expliquer aux autres ce qu’ils doivent penser avec de belles phrases et de belles citations que je saurai mobiliser à bon escient. Moi aussi, je serai au centre des regards et, qui sait, peut-être occuperai-je le terrain en me montrant à la télévision, à la radio, dans les journaux, en étant moi-même regardé par les plus puissants de ce monde, détenant à la fois pouvoir intellectuel, pouvoir politique et pouvoir de l’argent. Bref, je serai parmi les grands et cela me rassurera de mon angoisse de n’être rien.
Un tel étudiant serait évidemment bien naïf. Appartenir à cet univers très sélect n’est par définition, pas donné à tous. Une telle distinction n’a de sens que parce qu’elle n’est réservée qu’à quelques-uns, parce qu’elle permet de se distinguer de la masse. Un étudiant lambda aussi méritant et bon élève soit-il, a donc très peu de chances d’accéder à ce microcosme parisien. Il lui faudra donc généralement se résoudre à singer les attitudes d’intellectuels de la capitale dans quelques petites villes de province où il sera professeur de lycée. Il vivra alors cette situation avec plus ou moins d’amertume. Son public sera beaucoup moins réceptif à ses leçons philosophiques que les auditeurs de Raphaël Enthoven à la télévision, à la radio ou encore que les élèves des grandes écoles parisiennes. S’il se met à vibrionner à l’instar du philosophe dans cette émission de Sud Radio, les lycéens qu’il aura devant lui éclateront de rire et lui demanderont s’il n’a pas fumé quelque chose.
Un choix se présentera alors à ce professeur : soit il considérera ces lycéens comme de jeunes ignares difficilement capables d’accéder à la profondeur de sa pensée, soit il se demandera si leurs rires n'indiquent pas une vérité qui mérite d’être examinée.
Si notre professeur de philosophie choisit la première option, il s'estimera alors chargé d’une douloureuse mission : faire accéder à la vérité philosophique, des esprits qu’il considère embrumés. Selon son tempérament, il éprouvera alors pour eux compassion ou mépris. Selon son autorité il suscitera chez eux moquerie ou craintive soumission. Quoi qu’il en soit, seuls quelques-uns de ces jeunes élèves accéderont à la compréhension des lumières qu’il veut leur transmettre. Ils seront généralement de jeunes anxieux, soucieux de se distinguer de la masse, de futurs stars de la pensée ou plus probablement de futurs incompris. Parmi ces quelques rares élèves, quelques-uns iront peut-être étudier la philosophie à la capitale reproduisant ainsi indéfiniment le même scénario, plongeant sempiternellement les âmes en quête de reconnaissance et avides de savoir dans les mêmes névroses.
Mais notre professeur peut aussi s’interroger : pourquoi son discours et son attitude suscitent-ils ces rires d’élèves ? Pourquoi leur rébellion agacée ? Est-ce parce qu’ils sont incapables de comprendre ou pour une autre raison ?
Et s'il tentait de leur faire confiance ? S'il ne cherchait pas avant toute chose à se défendre, mais plutôt à comprendre ?
Argument ad personam et ad hominem. Inconvénients ou bienfaits des réseaux sociaux ?
Revenons au débat entre Raphaël Enthoven et Étienne Chouard diffusé sur Sud Radio le 25 janvier 2019. Alors que je suis en train d’écrire ce texte 10 jours après la diffusion, la vidéo a déjà été regardée 155 336 fois et elle comporte 2407 commentaires. J’en ai lu un grand nombre, l’immense majorité souligne l’incapacité à dialoguer de Raphaël Enthoven.
Finalement avec ce réseau social, c’est un peu comme si notre philosophe appartenant au microcosme sélect de l’École normale supérieure et des grosses entreprises où il fait régulièrement des conférences, se retrouvait dans une salle de classe d’un lycée de banlieue ou de province. Les internautes ne sont pas plus disciplinés que des lycéens, pas plus qu’eux ils ne s’en laissent conter.
Alors, à l’instar du professeur de lycée que j’évoquais plus haut, que fera le philosophe médiatique ? Rejettera-t-il comme inculte, la plèbe qui commente sa performance ou bien y prêtera-t-il attention ?
Lors de ce débat avec Etienne Chouard, Raphaël Enthoven souligne les propos outranciers de certains gilets jaunes pour signifier que ces derniers ne sont pas exemplaires. Va-t-il souligner également les propos outranciers de certains commentateurs sur YouTube afin de tous les disqualifier et de ne pas se donner la peine de prêter attention à ceux qui voient peut-être juste ?
Car on peut faire le tri dans ces commentaires entre ceux qui sont des arguments ad personam c’est-à-dire des propos qui visent à atteindre la personne, qui sont blessants, voire orduriers ou antisémites, et ceux (plus nombreux) qui portent ad hominem c’est-à-dire qui sont attentifs non seulement au contenu et à la cohérence des propos, mais aussi à l’être de celui qui les tient.
Ad personam, ad hominem, il importe de faire la distinction entre ces deux types d’arguments car si le premier n’a pas de valeur philosophique, ce n’est pas le cas du second (à 12mn18 de la vidéo du débat, Raphaël Enthoven parle d’attaque ad hominem comme s'il s'agissait d'une attaque ad personam, montrant que cette distinction n’existe pas pour lui).
Avec l’argument ad hominem, qui n’a donc rien à voir avec les invectives des attaques ad personam, il s’agit d’être attentif non seulement à la rigueur des arguments que développe une personne, mais aussi à la cohérence qui existe ou qui n’existe pas entre les discours qu’elle tient et son attitude.
Ainsi peut-on s’étonner du décalage qu’il y a entre l’attitude de Raphaël Enthoven lors de ce débat et les propos qu’il tient. Dès les premières minutes alors que le journaliste lui demande ce qu’il attend de ce débat et pourquoi il y participe, Raphaël Enthoven prononce cette phrase : « honnêtement je suis venu ici pour changer d’avis ». On peut pour le moins douter de l’authenticité de son propos et l’adverbe « honnêtement » paraît ici particulièrement suspect. D’ailleurs souvent lorsqu’une personne l’emploie et si elle éprouve le besoin de faire cette précision, cela implique qu’elle voudrait bien faire tomber la méfiance qu’on pourrait avoir à son égard : elle nous promet d’être honnête. Mais cette honnêteté n’est-elle pas censée aller de soi dans un échange ? Pourquoi peut-on éprouver le besoin de l'invoquer sinon parce que justement on veut la mettre à mal ? L’interlocuteur ne serait-il pas capable de juger par lui-même de l’honnêteté ou de la malhonnêteté de notre propos ? Pourquoi tenter de l’hypnotiser par ce genre d’adverbe ?
Raphaël Enthoven se révèle en effet particulièrement malhonnête dans cet échange : comment serait-il venu pour changer d’avis comme il le prétend, s’il se borne à lire un texte qu’il a déjà écrit et qu’il débite à toute allure sans prêter la moindre attention aux idées de son interlocuteur.
Comment peut-il prétendre être honnête, alors que dès les premières minutes du débat, il reconnait avoir commis un procès d’intention à l’égard d’Étienne Chouard, mais relativise aussitôt. Il affirme qu’Étienne Chouard et les gilets jaunes en général font également des procès d’intention à l’égard du gouvernement. Quand je reconnais ma faute, mais qu’aussitôt j’impute cette même faute à celui qui m’accuse ma reconnaissance perd beaucoup de sa valeur.
Un peu plus tard (17mn42) il souligne à nouveau à propos du RIC « vraiment si vous pouviez me convaincre, je n’aurais pas perdu ma journée ». Mais là encore on peut douter de la sincérité de son propos (en dépit de l’adverbe "vraiment") par le fait qu’il lit ses notes et tourne ses pages frénétiquement tandis que son interlocuteur propose son analyse de la constitution.
Sa réplique à propos de la rédaction de la constitution est d’ailleurs révélatrice de son manque d’écoute et des glissement de sens que lui fait commettre son esprit précipité. Entre la minute 20 et la minute 22, Etienne Chouard développe l’idée que serait démocratique une constitution écrite par le peuple et pour le peuple, comportant des articles qui garantissent sa place, son rôle et son droit de regard sur les représentants. Mais Raphaël Enthoven ne tient pas compte de cet argument et tandis que le ton véhément qu’il emploie nous fait croire à une objection, il se contente en réalité de professer en distinguant la liberté publique autorisée par les lois de la liberté inaliénable qui fait que quand bien même nous vivrions sous une tyrannie nous ne pouvons être dépossédés de notre pouvoir de choisir et de décider par nous-mêmes.
Professer et citer des auteurs même hors de propos, plutôt qu’écouter et critiquer véritablement, voilà le domaine dans lequel Raphaël Enthoven excelle. On ne saurait le lui reprocher, c’est probablement ainsi qu’il a appris à faire dans les grands établissements où il a été formé, mais ces compétences : professer, utiliser un beau langage et citer des auteurs ne l’aident en rien à l’élaboration rigoureuse d’un débat et à la construction d’une réflexion.
Certes on voit bien apparaître d’intéressants problèmes philosophiques et politiques lors de ce « débat », mais ils sont à peine effleurés faute d’écoute et de méthode. On pourrait en effet poser le problème du vote, de l’élection et du contrôle des représentants du peuple. Comment faire pour que d’un côté, ces derniers ne s’accaparent pas le pouvoir pour ne satisfaire que leurs intérêts personnels ou leurs intérêts de caste et que de l’autre, ils puissent mener des réformes ou tenir des programmes sur le long terme même si cela implique certains sacrifices ou difficultés à court terme ? Comment faire pour choisir les questions sur lesquelles nous devons réfléchir ensemble pour le bien commun ? Comment permettre d’éclairer les points de vue ? La politique est-elle l’affaire de quelques-uns ou de tous ?
Une autre façon de débattre et de philosopher ?
Ce débat comme la plupart des débats que proposent les médias ne présente qu’une caricature. Pourquoi cela ? Parce que nous n’apprenons pas à débattre, encore moins à dialoguer. Parce que tout dans notre éducation nous pousse non pas à écouter les idées des autres, mais bien plutôt à imposer nos opinions pour avoir le sentiment d’exister et d’être reconnus.
Je m’en rends compte puisqu’il m’arrive souvent d’animer des ateliers philosophiques dans des petites classes d’écoles élémentaires. Je constate que tous petits, les enfants se précipitent pour lever la main car en général le professeur donne la parole au premier qui se manifeste. Dès la classe de CP, c’est à qui se fera reconnaître pour prendre la parole, pour occuper le terrain et cela quelque soit la qualité de ces propos. Or réfléchir demande du temps, ce sont donc les enfants plus lents, plus posés qui mériteraient d’être entendus, mais ceux-là ne sont généralement pas écoutés. Ils leur reste alors le choix entre :
se précipiter à leur tour (dans le débat avec Raphaël Enthoven c’est ce que finit par faire Étienne Chouard. Il se précipite lui aussi remarquant alors que sa réflexion perd en cohérence. « Je déparle en voulant parler vite » dit-il à la fin).
s’enfoncer dans un complexe d’infériorité, car ne se sentant pas la force de rentrer dans la lutte, ils préfèreront se taire, arrêter de réfléchir et regarder le pugilat mi-amusés, mi-agacés. Remarquons au passage que c’est assez généralement le cas des filles qui ne se sentant pas exister et reconnue à travers leur parole choisissent le plus souvent de se taire et de s’occuper d’autre chose.
ils ou elles pourront aussi plus rarement construire leur réflexion en prenant leur temps en dépit de l’agitation ambiante.
L’atelier de pratique philosophique tel qu’il se développe depuis quelques années, invite ceux qui y participent, à un autre rapport au langage. Il s’agit pour l’animateur philosophe de commencer par instaurer un rythme lent, mais néanmoins actif : celui de la réflexion, celui de la recherche des questions, des hypothèses et des idées.
Il s’agit également d’inviter les participants non seulement à penser, mais à penser ce qu’ils pensent. C’est-à-dire à prendre un certain recul avec leurs idées afin de les examiner, de s’en étonner, voire de les critiquer. Il s’agit aussi de se regarder penser, de se questionner sur soi-même car l’objet de la réflexion n’est pas séparé du sujet qui le pense. L’argument ad hominem n’est donc pas évacué du débat.
Si jamais Raphaël Enthoven s’intéressait à cette façon de philosopher, il viendrait par exemple à un atelier dans un petit village de province. On ne lui demanderait pas de dispenser un cours, mais de proposer une hypothèse de réponse à une question posée au cours de la discussion. Les participants examineraient alors ensemble si la réponse qu’il propose répond en effet à la la question proposée, s’il y a ou non un problème dans son argument. On lui demanderait aussi de ralentir son débit, de synthétiser son propos. S’il prétendait faire une objection, on examinerait avec soin s’il s’agit bien d’une objection car il ne suffit pas de parler fort, de s’exclamer ou de s’indigner vertement pour objecter.
La pratique du débat philosophique, on le comprend, incite à laisser son ego de côté pour se concentrer sur la réflexion dont la justesse importe davantage que d'avoir raison ou tort. Laisser son ego de côté, cela n’est pas facile, c’est même douloureux pour certains dans un premier temps, même si dans un deuxième temps cela soulage beaucoup et fatigue moins.
Conclusion : la pratique philosophique une école de patience et détermination.
Sortir la philosophie des rails dans lesquels l’enseignement académique l’a enfermée est une tâche à laquelle en compagnie de quelques autres, je m’attelle depuis quelques années. Il faut dire que l’entreprise n’est pas simple et qu’elle comporte de nombreuses embûches, elle n’en constitue pas moins une aventure passionnante.
Lundi dernier à Levier, petite ville du Haut-Doubs, nous avons philosophé avec une quinzaine de participants qui sont venus proposer leurs idées. Au cours de cet atelier nous avons souligné combien nous sommes généralement attachés à nos habitudes et nos croyances car elles nous ont été inculquées par nos parents et nos éducateurs pour lesquels nous avons de l’affection et par lesquels nous voudrions être aimés.
Nous n’avons finalement pas idée que nous pourrions faire autrement que ce qu’ils nous inculquent. Toutefois, il arrive que nous envisagions d’autres chemins. Un jour nous imaginons autre chose, nous observons un autre fonctionnement propres à une autre culture, nous nous sentons révoltés par le carcan imposé ou simplement nous ne nous sentons pas en accord avec nous-mêmes en fonctionnant comme on nous dit de le faire. Alors nous tentons de prendre un chemin de traverse.
Je dois dire que les idées proposées par le groupe ce soir-là, m’ont éclairée sur ma propre démarche. La philosophie et le rapport au langage qui m’ont été inculqués par mes études classiques de petite parisienne ont un jour cessé de faire sens pour moi au point que j’ai choisi de quitter mon métier de professeur pour me mettre à rouler au volant de la Philomobile afin de philosopher autrement. Pourquoi cela ? Parce qu’en effet, je ne me suis plus sentie en accord avec moi-même et parce qu’il m’a semblé qu’un certain rapport au savoir et au langage fabriquaient de l’aliénation en lieu et place de l’émancipation et de la libération qu’elles auraient dû produire. Cela suscitait aussi chez moi une certaine révolte.
Lors du débat de Levier, les participants ont également souligné que celui ou celle qui se risque à sortir des rails doit alors faire face à des dangers : il peut se retrouver seul et exclu, on peut lui refuser son identité, le prendre pour un fou. Je dois dire que le philosophe qui se lance dans la pratique philosophique se confronte en effet à ces risques. Les philosophes académiques ne le reconnaissent pas, le prennent pour un fou ou l’ignorent.
Les participants, quant à eux, peu habitués à une pratique du débat posé et réfléchi, n’en comprennent pas toujours l’enjeu. Ils sont souvent impatients voudraient donner leurs idées plutôt qu’écouter celles des autres. Ils ne connaissent pas le plaisir d’une réflexion plus posée, plus apaisée. Ils ont pris l'habitude au travers des débats télévisuels de l’excitation, de l’accumulation des paroles, des citations et des références, ils aiment ce qui brille et si cela ne vient pas, ils manifestent leur déception.
Si le praticien philosophe se risque à une remarque ad hominem la plupart du temps les participants se formalisent vivement. Ils ont une image à défendre et n’apprécient pas qu’à leur propos, on dise tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Alors sortir l’esprit de ses habitudes n’est pas chose facile, mais c’est un joli défi !
Ainsi pourrait-on proposer à Raphaël Enthoven et à ses semblables de jouer à un autre jeu, même si cela n'empêche pas de reconnaitre qu'ils s’expriment très bien et qu’ils savent beaucoup de belles choses.
La pratique philosophique invite à faire preuve de patience et de détermination, mais après tout il n’y a rien à perdre et quelques idées à gagner. Alors merci aux habitants de Levier, de Saint-Claude, de Métabief, de La Pesse, de Saint Lupicin, de Frasne, de Guérande, de Derval, de Notre-Dame-des-Landes, merci aux détenus de la maison d’arrêt de Besançon et de Fleury Mérogis, merci aux amis espagnols, marocains et à tous ceux que je n’ai pas nommés ici et que j’ai croisés lors des parcours de la Philomobile.
La philosophie n’est pas pure théorie indépendante du sujet qui la pratique. Petit à petit, elle le transforme par l’élaboration patiente des idées qui le nourrissent.