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PHILOSOPHER DANS LES QUARTIERS


Saint-Denis, Montreuil, Drancy, Champigny-sur-Marne, Pantin, Clichy-sous-Bois, Creil. Ils résonnent ces noms-là, ils semblent entachés de tout un fatras de violence, de misère, de dureté ou plus banalement d’incivilité. Pourtant dans ces territoires, des femmes et quelques hommes, s’attèlent à faire en sorte que la précarité ne dévaste pas tout.

C’est un travail de tous les jours qu’elles accomplissement humblement, discrètement, patiemment, avec détermination. Parfois elles le font comme ça, bénévolement et puis un jour on reconnaît leur travail, certaines deviennent médiatrices. Elles font en sorte que les habitants ne soient pas complètement perdus face à des codes qu’ils ne comprennent pas, ou comprennent mal. Elles empêchent le malheur de ronger l’âme de l’intérieur.

Hier, rencontre donc avec ces femmes médiatrices sociales. Maïmouna, Aminata, Georgette, Souad et d'autres, mamans s’occupant aussi des enfants des autres, parlant plusieurs langues, aidant ceux qui parlent moins bien, expliquant les codes qu’elles ont appris à décrypter : non l’enfant ne doit pas baisser les yeux quand un professeur parle, non ça ne sera pas compris comme un signe de respect. Attention surtout ne pas lever la main sur l’enfant, jamais, JAMAIS, si vous le faites, on vous fera sentir que vous êtes d’une autre époque, une époque arriérée. Oui les martinets ont existé, mais c’est de la vieille histoire, il est temps d’évoluer. Et le livre de la bibliothèque, pourquoi sur le haut de l’armoire ? Attention ce n’est pas une place pour un livre ! Eh bien la maman pensait que là-haut, il serait à l’abri de tout le remue-ménage qu’il y a dans cette pièce où ils vivent à 4.

Tant de malentendus et d’incompréhensions qu’il faut s’efforcer de lever pour éviter l’enferment, dans son quartier, dans sa famille, dans soi-même, dans son malheur.

Médiatrices, elles sont là. Un jour un médecin a demandé à l’une d’elle d’annoncer aux parents que la fille avait une tumeur au cerveau. Pas le temps de le faire lui-même et puis il ne comprend rien à leur langue comment pourrait-il leur dire.

Alors elles s’interrogent, elles se rejouent des scènes, en théâtralisant. Et toi qu’est-ce que tu ferais dans cette situation ? Les profs disent que l’enfant va être « maintenu » en CE2. «Maintenu », les parents ne comprennent pas, il faut expliquer, ça veut dire qu’il redouble. Est-ce qu’ils donnent ou pas leur accord en signant ? Ils pensaient pourtant avoir fait tout ce qui était demandé pour pousser le petit. N’y a-t-il pas d’autres solutions ? Il ne pourrait pas travailler pendant les vacances pour rattraper son retard ? Peut-être, il y a des associations de bénévoles pour cela.

Et la philo là-dedans ? Elle permet de prendre conscience de certains problèmes et de les regarder, de ne pas foncer tête baissée, de prendre le temps de la réflexion, un temps qui fait du bien. Jusqu’à quel point la médiatrice doit-elle s’impliquer ? L’institution est-elle nécessairement violente ou protège-t-elle aussi ? Pourquoi avons-nous tant de mal à comprendre que l’autre est un humain comme nous ? Faut-il faire confiance ou se méfier ? En qui, en quoi faire confiance ? Qu’est-ce que ça veut dire être à l’écoute ? Merci à la Fédération des associations des femmes relais pour l’invitation.

Et rendez-vous bientôt avec la Philomobile dans les quartiers !

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