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Exercices sur les attitudes

Philosopher ce n’est pas seulement élaborer des théories c’est aussi passer à la pratique, vivre la philosophie, mettre en accord ce que l’on dit et ce que l’on fait ce qui suppose de travailler sur soi avec détermination et constance. 

Nous sommes un groupe de personnes à pratiquer des exercices philosophiques dans la lignée des écoles philosophiques de l'antiquité (stoïcisme, épicurisme). Nous nous fixons sur un exercice, nous le pratiquons chacun dans notre vie quotidienne puis au cours d’un atelier de pratique philosophique (organisé par visioconférence au moyen de Skype) nous faisons retour sur nos expériences. Si vous souhaitez participer, il suffit de vous inscrire en écrivant à : laurencelevant@wanadoo.fr

 

 

 

 

 

De nos jours, l'enseignement de la philosophie dans les lycées et à l'université a perdu le caractère personnel et communautaire qu'il avait dans l'Antiquité. Par ailleurs, certains philosophes contemporains ont considéré l'activité philosophique comme la construction d'un échafaudage conceptuel qui serait une fin en soi. Mais ce n'est pas un phénomène nouveau. Car la philosophie doit toujours commencer par le discours, qu'il s'agisse de rapporter une expérience, de poser des questions ou de proposer un mode de vie. Ensuite devraient succéder à cette première phase l'engagement existentiel et l'action concrète. Mais la grande tentation, pour tout philosophe, consiste à s'en tenir au discours. C'est pourquoi, d'un bout à l'autre de l'histoire de la philosophie, deux types de philosophes se sont constamment opposés: ceux qui limitent la philosophie à un discours et ceux qui mettent l'accent sur sa dimension existentielle et vitale.

Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique

Le prochain exercice portera sur la connaissance de soi. 

L'image que nous avons construite de nous-même est  parfois une façon de nous rassurer et d'éviter de nous affronter à la réalité. 

 

La connaissance de soi ne saurait se réduire à une description théorique, elle n'a de sens qu'à l'épreuve de la pratique. C'est cette forme de connaissance que l'exercice proposé ci-dessous propose de mettre en oeuvre.

L’atelier philosophique sur le retour d’expérience aura lieu le jeudi 8 octobre 2015 à 20h.

 

Cet exercice est en lien avec le chapitre 9 de Philosopher pour se retrouver qui porte sur la connaissance de soi.

Exercice sur la connaissance de soi

1. Noter sur une feuille 3 qualités et 3 défauts qui vous caractérisent le plus en justifiant à chaque fois par des exemples précis, ce qui conduit à porter ce jugement sur vous-même.

2. Réfléchissez à la façon dont vous pouvez combattre les 3 défauts que vous rencontrez.

3. Pendant une semaine essayez de combattre les défauts que nous avez notés avec la méthode que vous avez envisagée. 4. Pendant cette semaine, soyez également attentif à la mise en oeuvre des qualités que vous avez notées.

5. A a fin de la semaine faites un bilan, le travail a-t-il été efficace? Oui/non, pourquoi?

6. Noter ensuite ce que cela vous a appris sur vous-mêmes. 

7. Si vous deviez refaire l'exercice, est-ce que vous noteriez les mêmes qualités et les mêmes défauts? Pourquoi?

Exercice sur les jugements que les autres portent sur nous :

 

L'exercice consiste à prendre conscience et analyser les jugements que les autres portent sur nous ainsi que de notre façon d'y réagir. L'analyse de ces jugements peut se faire en répondant aux questions suivantes: 

 

1.Cherchons-nous à fuir ou à entendre les jugements que les autres portent sur nous ? Pourquoi ?

2.Pensons au dernier jugement négatif que quelqu’un a porté sur nous. Même s’il ne l’a pas énoncé clairement, essayons de le formuler.

3.Comment nous sommes-nous comportés face à ce jugement ?

4.Avons-nous ressenti une émotion ? Si oui laquelle ? Pourquoi ?

5. Si ce jugement nous a atteint est-ce parce qu’il était juste ? ou parce qu’il nous semblait injustifié ?

6. Comment pourrions-nous accepter ce jugement sans pour autant nous laisser atteindre ?

7. La pratique régulière de cet exercice change-t-elle quelque chose dans notre rapport aux jugements des autres? Oui/Non, pourquoi?

 

 

Présents: Elen, Maël, Antoine, Dominique, Christian, Laurence, Rasheeda, Gemma

Compte-rendu: Maël et Laurence

 

Déroulement des rencontres du 10/09 et du 14/09 à propos des jugements que les autres portent sur nous :

Chacun a pu formuler à tour de rôle un jugement qu’il a examiné au cours des dernières semaines et a répondu, concernant ce jugement, aux 7 questions posées. Chacun conclut sa prise de parole par une observation.

 

Les observations suivantes ont été faites :

- Antoine a observé que l’exercice permet de relativiser l’importance du jugement porté par les autres sur nous, et d’éviter ainsi l’agacement souvent lié à ces jugements.

- Elen, qui a tendance à chercher le jugement objectif de personnes de confiance observe qu’il est difficile, néanmoins, de se remettre soi-même en cause.

 

- Dominique note dans un premier temps la tendance personnelle à fuir les jugements des autres sur elle. Il est rare, par exemple, qu’elle demande aux autres de poser un jugement sur elle. Et lorsque cela arrive, elle a tendance à se défendre, à réagir avec frustration, notamment lorsque le jugement n’est pas justifié.

 

- Christian, quant à lui, a tendance à culpabiliser, à se remettre tout de suite en cause dès qu’un jugement négatif est porté sur lui. De manière générale, il tient compte du jugement de l’autre pour essayer de se corriger, mais sa tendance à aplanir toutes les situations de conflit potentiel l’amène à accepter parfois même les jugements injustifiés à son égard.

 

-Maël a noté l’intérêt du jugement de l’autre dans le travail sur soi que l’examen du jugement de l’autre permet. Il permet de mener un examen de soi qui peut conduire à une véritable transformation de soi. Il est également intéressant de noter que lorsque le jugement négatif émis par l’autre est issu d’une demande que je formule  moi-même, je suis bien plus préparé à recevoir ce jugement négatif et donc plus apte à en tirer profit dans le cadre d’un travail sur soi.

 

- Gemma a remarqué qu'elle prenait en compte le jugement des autres pour être intégrée dans le groupe. Elle se trouverait donc face à un dilemme : accepter ce jugement et renoncer à elle-même ou bien s'affirmer, refuser le jugement et renoncer à être intégrée dans le groupe. Mais peut-être peut-elle envisager une autre façon de poser le problème. 

 

-Rasheeda a eu des difficultés à entendre un jugement porté sur elle, mais elle reconnaît finalement qu'il dit quelque chose de vrai même s'il va à l'encontre de l'image qu'elle aime à se donner d'elle-même. Maintenant qu'elle a conscience de cette attitude, elle souhaiterait la travailler afin d'être en accord avec elle-même.

 

- Laurence a fait l'expérience de demander à une personne de formuler le jugement non-dit qu'elle semblait exprimer. Lorsque ce jugement a été formulé, Laurence a d'abord éprouvé une réaction de défense lié à un besoin d'être rassurée sur ce qu'elle est et ce qu'elle fait. Cette expérience l'a conduite à se questionner : a-t-elle besoin d'être rassurée pour s'engager ?  Peut-on s'engager dans une pratique tout en étant détaché? Peut-on s'engager sans chercher à défendre ce pour quoi on s'engage?

 

La discussion qui a suivi nous a permis d’aborder les points suivants :

- On peut noter, dans la plupart des cas, la relation très intime entre le jugement que les autres portent sur nous et les émotions que ce jugement fait naître chez nous (par exemple des variantes de la colère). Il semble que nous évaluons ces jugements comme une forme d'agression : en réaction, soit nous contre-attaquons, soit nous fuyons soit nous restons tétanisés.

Il y a une lutte permanente entre la réflexion sur ce jugement et la réaction émotionnelle liée à ce jugement.

 

- Le travail sur soi rendu possible par le jugement de l’autre nécessite dans un premier temps de prendre de la distance vis-à-vis de ses émotions. Une fois cette prise de distance effectuée, on peut examiner objectivement le jugement de l’autre et réfléchir sur la pertinence de ce jugement, la possibilité de se transformer soi-même, lorsque le jugement négatif est justifié en particulier.

 

- Ce qui est important, dans cet exercice, c’est de bien distinguer ce qui nous appartient (le jugement que l’on porte sur nous à partir du jugement porté par l’autre sur moi, via l’examen objectif de ce jugement), et ce qui appartient à l’autre (le jugement négatif porté par l’autre sur moi, parfois injustifié, parfois partiellement vrai, parfois justifié). Cette distinction permet de passer, au cours de l’exercice, du jugement de l’autre sur moi au jugement de soi par soi. Cet exercice se transforme alors en travail sur soi.

Exercice sur les jugements que nous portons :
 
Philosopher c’est entre autre savoir porter des jugements réfléchis en se défaisant des préjugés et des jugements hâtifs ou erronés. Or par facilité nous avons tendance à précipiter nos jugements ce qui pourtant ne nous facilite pas toujours la vie. Cet exercice a pour objectif de nous aider à prendre davantage de recul et mieux connaître nos jugements.
 
1. Examinons quelques-uns des jugements que nous avons portés au cours d’une journée et notons-les.
 
2. Que concernent-ils ou qui concernent-ils ?
 
3. Qu’est-ce qui a provoqué chaque jugement?
 
4. Pour chacun de ces jugements, l’avons-nous porté immédiatement ou l’avons-nous posé après avoir envisagé plusieurs points de vue et avoir réfléchi ?
 
5. Dans quelle mesure ces jugements ont-ils été produits par un système de représentation qui vient de notre éducation, de notre milieu socioprofessionnel et des diverses influences que nous subissons ?
 
6. Ces jugements ont-ils été précédés ou suivis d’émotions ? Si oui, lesquelles ?
 

 

Compte rendu de la séance du 10/08/15 sur les jugements que nous portons :

Présents: Laurence, Elen, Maël, Antoine, Odile, Eva, François, Dominique

Compte-rendu: François (notes sommaires) et Maël (synthèse)

Point de départ de la discussion:

  • Retour collectif sur l’expérience individuelle de l’exercice du jugement qui consiste à analyser certains jugements posés pendant la journée en répondant aux questions proposées par Laurence.

  • Déroulement de la rencontre :

Maël et Elen ont présenté chacun leur tour leur expérience de la pratique de cet exercice, puis a commencé une discussion plus générale sur l’exercice du jugement.

Maël a analysé le jugement selon lequel il avait passé de bonnes vacances, donc un jugement positif sur un événement passé, qui a renforcé son sentiment de joie lié au souvenir de ses vacances.

Si le jugement peut être cause de trouble, comme le soulignent les stoïciens, il peut aussi être cause de joie. Cela pose aussi la question de la nécessité d’être toujours objectif, surtout si le but est de ne pas être troublé.

Elen a analysé le jugement selon lequel sa nièce faisait beaucoup trop de fautes d’orthographe sur Facebook, jugement associé au sentiment de honte et à la gêne de partager les posts de sa nièce.

Ces deux exemples ont permis de poser la question philosophique suivante : quelle place les émotions ont-elles dans le jugement ? La suite de la discussion nous a permis de discuter de cette question philosophique, à l’aide d’arguments issus de l’expérience des uns et des autres.

Les principales questions posées sont les suivantes :

Quel est le lien entre le jugement et les émotions ? Est-ce que ce sont les émotions qui précèdent le jugement et causent le jugement, ou est-ce que ce sont les jugements qui précèdent les émotions ?

Elen a défendu l’idée selon laquelle jugement et émotions étaient simultanés.

 

François  a soutenu l’idée selon laquelle l’émotion produit le jugement qui la justifie ; on peut aussi dire qu’un jugement induit une émotion qui est renforcée par le jugement. L’émotion et le jugement agissent ainsi en boucle pour cristalliser un sentiment. Mais comme nous vivons dans le temps, les « Émotions/Jugements » se succèdent et se renouvellent continuellement en passant d’une chose à l’autre.

Pour François, seule l’action volontaire permet d’interférer sur nos sentiments puisqu’elle introduit une sorte de brisure dans la boucle « Émotion<->Jugement » L’action permet donc de modifier nos émotions et les jugements qui les accompagnent. Les stoïciens proposent de faire de nos jugements ordinaires (nos préjugés) une action volontaire par une analyse de nos préjugés et des émotions qui les accompagnent. Ceci permet de briser notre enfermement dans la boucle « Émotion<->Jugement », et libère notre pensée des jugements qui l’assaillent. La pratique philosophique stoïcienne propose l’analyse de nos jugements en vue de les comprendre et de nous en libérer.

 

Antoine a d’abord soutenu l’idée selon laquelle le jugement suit l’émotion et vient le justifier, de manière similaire à la position de François. Mais l’exemple du jugement d’Antoine concernant le mendiant, ainsi que l’exemple de Dominique concernant le trop-plein de déchets non recyclés dans son entreprise, montre que le jugement, peut entraîner un changement d’émotion, Antoine passant de la colère au sentiment de chaleur humaine liée à la discussion avec ce mendiant. Plus encore, l’exemple d’Antoine montre que le jugement change non seulement les émotions, mais aussi les actions, puisqu’au lieu de donner une pièce au mendiant, il a décidé de discuter avec lui.

La réflexion autour de cet exemple a permis de distinguer différents types de jugement : le jugement-constat (la nièce d’Elen fait des fautes d’orthographe), le jugement spontané ou jugement de valeur (je donne une pièce au mendiant par habitude, sans y avoir réfléchi), et le jugement réfléchi, issu d’une analyse, qui comprend la procédure par laquelle on arrive au jugement (donner une pièce au mendiant ne change rien à sa situation, mieux vaut lui demander ce dont il a vraiement besoin et discuter avec lui, lui donner un peu de son temps). C’est le jugement réfléchi, ce troisième type de jugement (et non seulement l’action, donc) qui permet de sortir de la boucle décrite plus haut par François, et qui permet de passer à l’action, de changer l’émotion liée à un jugement spontané ou un jugement-constat.

Enfin, nous avons réfléchi à l’exercice du jugement, qui permet précisément de travailler sur nos jugments et de poser des jugements réfléchis. L’exemple de Laurence, qui, au lieu de juger son amie, Alix, a pris conscience de son attitude de jugement par rapport à son amie, lui a permis de passer d’un jugement spontané à un jugement réfléchi, et a modifié son action pour, peut-être, améliorer la situation. D’un jugement passif, l’exercice du jugement permet de passer à un jugement actif, qui permet de modifier mon émotion et mon comportement. L’expression « juger ses jugements » permet de comprendre la prise de conscience, le dédoublement, la prise de recul que l’exercice du jugement demande de faire afin de poser un jugement réflexif. C’est le premier pas nécessaire pour aller au-delà de ses jugements spontanés, c’est l’acte philosophique par excellence.

 

 

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