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VOYAGE PHILOMOBILE JOUR 2 : surmonter la peur de dialoguer

Village de Saint Lupicin, Haut Jura

Une inscrite seulement à l’atelier de 16 heures destinés aux ados, mais assis en cercle un peu à l’écart, sous un abri, j’avise un groupe de jeunes garçons, casquettes vissées sur la tête, yeux rivés sur le téléphone portable. Je m’approche. Les visages ne sont pas franchement souriants. Je demande : "Voulez-vous faire un peu de philosophie ?" "Qu’est-ce que c’est ?" me répond l’un des garçons "ah oui je sais" dit un autre dont j’apprends qu’il s’appelle Hamza : "on va parler de la vie après la mort. Et vous madame vous savez s’il y a une vie après la mort ?" Malheureusement je ne suis pas en possession de cette information tant attendue (ou heureusement peut-être, car cette ignorance permet la discussion). "Et toi ?" je demande. "Moi je sais que la mort nous délivre de cette vie pour une vie meilleure" dit le jeune homme. Alors je questionne : "est-ce que ça veut dire que la vie ici est une souffrance ?" Malheureusement la discussion tourne court. Ni l’unique inscrite (une jeune fille de 12 ans), ni Dominique, ni Choukri, mes collègues praticiens philosophes qui ont rejoint à l’atelier, ni moi-même ne nous nous sentons en mesure de dialoguer. Il est impossible d’entreprendre de le faire avec quelqu’un qui a les yeux rivés sur son téléphone portable. Je questionne un jeune homme : -Imagine que tu demandes à une personne que tu aimes si elle veut aller au cinéma avec toi et qu’elle ne te réponde pas, mais consulte son téléphone portable. Vas-tu te sentir écouté ? -Non, répond le jeune homme. -Il y a un problème alors, et quand on ne t’écoute pas tu te sens respecté ou pas ? -Non. -Alors moi non plus je ne me sens pas respectée quand tu regardes ton téléphone et que je dialogue avec toi. Mais après quelques tentatives la discussion tourne court, les jeunes s’en vont les uns après les autres. Il n’en reste plus qu’un, Il semble qu’il ait envie de discuter, mais ses copains l’appellent alors il nous quitte lui aussi.

Nous restons, l’unique inscrite, Dominique, Choukri et moi-même. Nous sommes un peu dépités. Nous essayons de comprendre pourquoi nous les avons fait fuir ainsi de leur territoire. La jeune fille propose : "quand on se sent exclu on choisit souvent la solution de facilité, on va vers d’autres personnes qu’on pense exclues et on se lie d’amitié avec elles et on reste entre soi". - Pourquoi est-ce une solution de facilité ? - Car c’est difficile d’aller parler avec ceux dont on pense qu’ils nous rejettent.

Mais au bout d’un quart d’heure voilà le groupe des garçons qui revient. Ils sont allés chercher une bouteille de coca.

La discussion reprend, cette fois sans qu’on n’ait besoin de rien dire, les téléphones portables sont rangées dans les poches.

Nous réfléchissons alors : qu’est-ce que respecter l’autre ? Tout le monde est-il digne de respect ? Nos parents sont-ils davantage dignes de respect que des étrangers ? Y a-t-il des personnes qui ne méritent plus aucun respect à cause de leurs actes ? Ou bien doit-on respecter n’importe quel être humain quel qu’il soit et quoiqu’il ait fait ?

Les avis sont partagés certains pensent qu’il y a des humains qui ne méritent plus le respect, car ils ont franchi une limite, il faut les rejeter voire même les tuer. D’autres ne sont pas du même avis, ils pensent que tout humain d’où qu’il vienne et quoiqu’il ait fait mérite un minimum de respect, c’est-à-dire d’être écouté. Ce qui n’empêche pas de le condamner pour ses actes. Et vous qu’en pensez-vous ?

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