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PHILOSOPHER ET FAIRE DU SPORT.


La philosophie comme le sport d’adresse à tous, d’un côté il s’agit d’épanouir une santé de l’esprit, de l’autre celle du corps. Mais tout le monde n’est pas sportif et bien plus rares encore sont les philosophes. Pourquoi ?

Tout le monde peut faire du sport et exercer son corps, même une personne qui a des difficultés physiques ou qui souffre d’un handicap. C’est la même chose en philosophie, il est possible de s’exercer alors même qu’on rencontre des difficultés, qu’on a du mal à sortir de sa subjectivité qu’on manque de rigueur et que l’on peine à raisonner.

Mais pour faire du sport comme pour philosopher, il faut fournir un effort sur soi-même afin de surmonter ses difficultés. Or nous ne fournissons pas volontiers des efforts sauf quand c’est pour échapper à un mal-être dont nous prenons brusquement une vive conscience. Il y a ainsi une importante déperdition entre l’ensemble des personnes auxquelles s’adressent le sport ou la philosophie et ceux qui les pratiquent.

Il est possible de philosopher même avec des handicaps ou des difficultés à la condition toutefois d’accepter de les regarder en face. C’est là que les choses se compliquent et que la ressemblance avec le sport ne fonctionne plus. En général il est plus pénible de voir et d’accepter nos limites intellectuelles que nos limites physiques. Il est assez facile d’admettre de manquer de force musculaire ou de souplesse, certains en rient même et s’efforcent d’y remédier en s’exerçant. Il est plus difficile de reconnaître que nous ne comprenons pas, que nous sommes incapables de produire un argument ou de répondre à une question, que nous nous butons ou au contraire que nous faisons la girouette et tombons dans des contradictions. Redoutant la bêtise, plutôt que de reconnaître ces formes de faiblesses, nous inventons toutes sortes de stratagème pour les masquer : nous tenons des propos confus et alambiqués en espérant que nos auditeurs croiront à la profondeur de notre intelligence, nous prenons un ton docte qui ne souffre pas la contradiction, nous nous taisons ce qui nous donne un air mystérieux et profond ou encore nous plaisantons en cherchant à charmer la galerie.

S’il est encore plus difficile d’accepter nos limites intellectuelles que nos imperfections physiques c’est peut-être parce que nous nous identifions davantage à notre intelligence qu’à notre corps et quand celle-ci s’avère défaillir, c’est tout notre être qui paraît vaciller. Comme si nous ne pouvions prendre des distances avec le fonctionnement de notre intelligence pour l’examiner, pour l’exercer et l’améliorer, comme si en douter c’était douter des fondements même de qui nous sommes.

Prendre des distances avec son intelligence est encore plus difficile que d’en prendre avec son corps et c’est peut-être pourquoi il y a encore moins de philosophes que de sportifs.

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